Tsonga, la force tranquille
En apportant trois points à l'équipe de France, Jo-Wilfried Tsonga a assuré le maintien des Bleus. Au bout de la fatigue, le Manceau est venu à bout (7-6[5], 6-2, 3-6, 7-6[4]) du Néerlandais Thiemo de Bakker, victorieux de Gaël Monfils lors du premier simple.
Jo-Wilfried Tsonga, vainqueur de ses trois matches aux Pays-Bas.(EQ)
Il sourit, mais les crampes sont bien douloureuses lors de la célébration de sa troisième victoire (7-6 [5], 6-2, 3-6, 7-6 [4]) en trois jours contre Thiemo de Bakker. Le calme et le fighting spirit sont deux caractéristiques majeures du tempérament de Jo-Wilfried Tsonga, le tombeur des Pays-Bas en match de barrages. «La formidable locomotive» selon Guy Forget, «une star et un
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» selon le président de la FFT, Jean Gachassin, Jo-Wilfried Tsonga se positionne en leader tout simplement. «Pas spécialement. (Puis il sourit) Si un petit peu. C'est plutôt sur le court. En dehors, je suis assez discret. Quand il faut glisser quelques mots aux petits jeunes comme Jérémy, je le fais.» Qu'est-ce qu'un leader, Jo ? «Un leader est un mec qui a la tête sur les épaules et qui garde sa lucidité même dans les moments difficiles.»
Cette définition relève de l'autoportrait. Face à Thiemo de Bakker, mis en confiance par sa victoire contre Gaël Monfils, le 7e mondial a montré qu'il avait la tête sur les épaules et qu'il savait gérer les moments importants. Pour les moments importants, il suffit de regarder sa réussite aux tie-breaks : cinq disputés, cinq remportés. «Monsieur Tie-break», comme l'a surnommé Guy Forget, a réussi à éteindre l'incendie déclenché par le 122e mondial. A Bercy l'an dernier, à Marseille cette année et en Coupe Davis à Maastricht, il prouve toujours que l'adversité le transcende. «C'est un joueur qui aime les moments chauds, il est capable de mettre le petit coup d'accélérateur supplémentaire, savoure le capitaine. Pendant le match, je lui ai dit : Jo, tu es formaté pour ça, tu iras chercher les points avec courage et audace. Tiens bon, tiens bon, même s'il piochait.»
« Un leader est un mec qui a la tête sur les épaules et qui garde sa lucidité même dans les moments difficiles. » Jo-Wilfried Tsonga
Pour la tête sur les épaules, il suffit de regarder son attitude. Sur le court, il garde son calme après le début de match tonitruant de son adversaire (3-5 au premier set), débreake en mettant la pression sur le Néerlandais. Il brandit alors le poing pour montrer qui est le patron. Au quatrième set, il reste lucide malgré la fatigue en ne se dispersant pas car il ne veut pas «trop dépenser d'énergie.» Dans le groupe, Jo-Wilfried Tsonga possède également un effet apaisant et il estime aussi qu'un leader «doit montrer la voie». «Je suis assez calme à l'extérieur, mais j'aime bien m'impliquer. Je discute avec mes partenaires, résume le Manceau qui a apporté son soutien pour le renouvellement du contrat de son capitaine. Je m'investis dans cette équipe.» Après la défaite de Gaël Monfils, il va discuter avec son pote. Quand Jérémy Chardy, vainqueur (6-3, 6-2) de Jesse Huta Galung, apprend qu'il sera sélectionné pour le cinquième match, il va lui glisser quelques mots. Le Palois a déjà bien compris la règle d'une équipe, il ne dévoile pas la teneur des propos : «Ce qui est dans l'équipe reste dans l'équipe.»
Avec cette nouvelle génération, Jo-Wilfried Tsonga se sent installé dans cette équipe, mais cela ne signifie pas dans des pantoufles dorées. «L'équipe a appris à se battre ce week-end. On s'est battu tous ensemble», assène le 7e mondial, invaincu en six matches de Coupe Davis. Jo-Wilfried Tsonga a toujours su d'où il venait et cela l'aide beaucoup pour savoir où il va : «Quand j'ai commencé ma carrière, j'ai arrêté les cours. Je me demandais si j'allais y arriver et c'était lourd. Aujourd'hui, je suis au plus haut niveau et je prends du plaisir. Même dans les défaites, j'arrive à relativiser.» Il prend de l'énergie partout : dans la Marseillaise chantée par les 130 spectateurs français et écoutée avec respect par les supporters néerlandais, dans le regard de son père dans les tribunes, dans l'adversité qu'il a connu avec les blessures, dans les conseils de son capitaine et dans le soutien de ses partenaires sur le banc. Il a tout du grand joueur de Coupe Davis : l'amour du maillot, l'envie permanente de se battre et la force tranquille. Quand on lui demande s'il doute, Jo-Wilfried Tsonga répond dès le «premier point». Mais c'est un doute synonyme de vigilance et contre le 293e mondial ou le 122e mondial, le 7e mondial
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le torse mais n'oublie jamais la vigilance.
Sophie DORGAN, à Maastricht