Hugo Lloris : « La saison prochaine, je vais devoir gagner m

Date 05/05/2006

Editeur Actufoot.06

Auteur Marc ALUNI


Inconnu du grand public en début de saison, Hugo Lloris est aujourd’hui classé parmi les joueurs les plus prometteurs du championnat de France. Drôle de saison pour le jeune gardien de 19 ans qui est passé de l’anonymat aux feux des projecteurs lors de la finale de la Coupe de la Ligue au Stade de France. Parcours peu banal en seulement dix petits mois. Itinéraire d’un enfant gâté par les génies du foot. Petit prodige deviendra grand !

Le Gym a remis les pendules à l’heure à Ajaccio…
Oui c’est exactement cela. Il ne faut quand même pas oublier que l’AC Ajaccio n’y était pas trop non plus. Nous avions en face de nous une équipe sans âme. Déjà, reléguée en Ligue 2. Cela n’était pas facile pour eux non plus car ils n’avaient pas tous leurs moyens. De notre côté, nous avons pris confiance même si après la finale perdue face à Nancy cela n’était pas facile de replonger dans le bain de la Ligue 1. Nous nous sommes imposés 3-0, c’est bien car nous avons maîtrisé la partie. C’est une grande satisfaction. Il faut maintenant bien enchaîner sur le match de Metz.

Rebondir, n’est-ce pas la grande force de cet OGC Nice 2006 ?
Cette saison, la grande force du Gym aura été de savoir réagir. Quand au mois de novembre nous n’arrivions pas à enchaîner les bons résultats, nous avons quand même réussi à redresser la barre. Je pense notamment au match nul obtenu à Lens (2-2). Après ce résultat, nous avons poursuivi sur notre lancée. Nous possédons un bon groupe qui a su rebondir. Nous avons fait une belle saison en nous sauvant assez rapidement. Il faut à présent obtenir le meilleur classement possible. Si nous ajoutons le beau parcours en Coupe de la Ligue, cela devient très intéressant pour la suite. Pour le club mais également à titre personnel.

“Il ne faut pas s’arrêter sur cette finale perdue en Coupe de la Ligue”

Encore un objectif pour cette fin de championnat ?
Comme je l’ai dit, l’objectif est de terminer le plus haut possible. Avant le match d’Ajaccio, il nous restait trois rencontres à disputer. Le but étant de prendre 9 points pour bien terminer le championnat mais également pour faire plaisir à nos supporters. Cela nous permettrait de prendre un bon élan pour la saison 2006- 2007. Une équipe commence souvent un championnat comme elle l’a terminé, d’où l’intérêt de ne pas manquer les deux dernières étapes contre Metz et Troyes. Il ne faut pas s’arrêter sur cette finale perdue en Coupe de la Ligue.

La passe de trois victoires consécutives en championnat contre Metz ?
Je l’espère. C’est une rencontre qui peut ressembler à celle que nous avons disputée dimanche dernier à Ajaccio. Metz est relégué et ne joue donc plus grand-chose en cette fin de saison. A nous de maîtriser notre sujet, d’empocher les 3 points, de nous faire plaisir et surtout de donner du bonheur au public. Ce Nice - Metz est le dernier match de la saison au stade du Ray, il est donc important de terminer en beauté à la maison. La saison aura été belle et pleine d’émotions, mais j’ai le sentiment que l’on aurait pu mieux faire encore. J’ai quelques regrets car nous avons vraiment une belle équipe. Cette saison va nous servir pour la suite. Avec l’expérience acquise cette année, nous serons encore plus forts la saison prochaine.

La déception est-elle toujours présente aujourd’hui ?
C’est difficile car on n’y pense encore. C’est dur de se remettre dans le bain. Les deux jours après la finale ont été compliqués à vivre. Personnellement, il me reste en tête l’image du deuxième but nancéien. Je suis seulement à deux centimètres du ballon. C’est rageant ! Je suis jeune et une défaite permet toujours d’apprendre. Ce revers face à Nancy nous servira à l’avenir.

Personnellement comment as-tu vécu cette finale au Stade de France ?
En première mi-temps, j’ai participé au jeu. La deuxième période a été beaucoup plus difficile à vivre. J’ai touché très peu de ballons et j’ai pris un but. Malgré tout, à 2-1 j’y croyais encore. Le public poussait. Nous avions la maîtrise du jeu. Même dans les ultimes minutes j’étais convaincu que nous allions revenir au score. Je ne vous cache pas que ce sont des instants très crispants à vivre. Peut-être que nous n’avons pas su gérer notre position de favoris même si dans nos têtes nous partions sur le même pied d’égalité que les Nancéiens. En première mi-temps, nous avons eu peur de jouer. Après le repos, nous avons pratiqué un bon football. Malheureusement nous nous sommes inclinés. Peut-être la peur de l’événement. Malgré tout, c’était sans doute plus difficile pour nous que pour Nancy car nous produisons du jeu alors que les Lorrains se reposent sur une solide assise défensive.

Un peu de tension ?
J’aime beaucoup vivre ce genre de moments. Lorsque l’on quitte l’hôtel pour le stade, on sent la pression monter. Notamment sur la route, en croisant les supporters des deux camps. C’est très excitant. Dans ces moments-là, on a hâte d’entrer sur la pelouse pour palper l’atmosphère. Je n’ai pas été déçu car lorsque nous sommes entrés sur le terrain, voir autant de Niçois dans le virage sud était assez impressionnant. Ce côté en rouge et noir était magnifique. Les chants également.

“Lorsque l’on entre dans ce Stade de France, on se sent vraiment tout petit”

L’environnement ?
Lorsque l’on entre dans ce Stade de France, on se sent vraiment tout petit (rire). À la télévision, il fait plus grand. Mais lorsqu’il est plein, c’est assez impressionnant. J’aime vivre de grands moments comme ceux-là. C‘est pour cela que l’on joue au football. Pour ce genre de grands stades, pour ces belles pelouses et ces ambiances magiques. C’est le top !

Pas trop frustrant de prendre deux buts sur les deux seules occasions nancéiennes ?
Si, bien sûr. Sur le premier but, le Nancéien frappe de suite alors que tout le monde pensait qu’il allait contrôler. Je repousse le ballon de la main. Malheureusement, il termine dans les pieds de Zerka. C’est très rare car en général le ballon part soit droit devant, soit sur le côté droit. C’est de la malchance. Sur le deuxième but, le coup franc est très bien frappé. Tout est allé très vite. Le ballon est rapidement monté avant de redescendre d’un coup. Je m’étais un peu avancé pour tenter d’intervenir plus vite que les attaquants, mais le ballon retombe rapidement. J’étais un peu masqué et il ne me manque pas grand-chose pour le sortir. Je pense que j’ai fait une foulée de trop. Kim la met bien même s’il a eu un peu de réussite.

À quoi pense-t-on lorsque l’on est mené 2-1 et qu’il reste 25 minutes à jouer ?
Au fil du temps, on se crispe. Il est très difficile de se maîtriser. On est énervé, on a envie de pousser, mais il faut garder son sang-froid car les Nancéiens avaient quelques possibilités de contres. Comme je l’ai dit, même dans les dernières secondes, je pensais que l’on allait revenir au score. C’est vraiment frustrant car, en deuxième mi-temps, je n’ai pas touché un ballon. Quand l’arbitre siffle la fin du match, la pression retombe. Nous regardons nos adversaires courir dans tous les sens sur la pelouse alors qu’en même temps nous sommes déçus et un peu abattus. Voir nos supporters assommés, cela marque aussi les esprits. Nous aurions tellement voulu nous imposer pour eux. Tout s’écroule d’un coup. On y croyait tellement ! Dans ces moments-là, nous n’avons pas vraiment envie d’aller chercher la médaille. Je comprends Fabien Barthez (rire). On a plus envie d’aller se doucher et de décompresser. C’est dommage, l’UEFA aurait été une belle récompense pour le club, les joueurs et les supporters. Cela nous aurait permis de grandir plus vite.

Quel souvenir garderas-tu de cette aventure en Coupe de la Ligue ?
Je garderai le souvenir d’un groupe. L’ambiance est vraiment très bonne dans l’équipe. C’est rare de voir une bande de potes être aussi bien dans ses baskets. Il y a dans ce groupe un esprit de solidarité. Si je devais ressortir deux images cela serait tout d’abord le Stade de France qui est vraiment un monument (rire). Et puis il y a cette demi-finale à Monaco. C’était fabuleux de voir ce stade Louis-II en rouge et noir. C’était mon premier vrai gros match avec en plus sur le terrain de grands joueurs comme Vieri ou Di Vaio. Personnellement que retiens-tu de cette saison ? Le plaisir de m’être épanoui. J’ai disputé 5 matches de Ligue 1 et autant en Coupe de la Ligue. C’est bon pour un gardien remplaçant qui est souvent dans l’ombre du titulaire. Cela donne envie. Dans ce genre de situation, on n’attend qu’une chose : prouver que l’on a le niveau. Cela m’a permis de progresser car il n’y a rien de mieux que la compétition. Lorsque l’on ne joue pas, cela manque. J’ai eu la chance d’évoluer contre Bordeaux, Monaco ou Lyon. C’est vraiment intéressant pour montrer sa vraie valeur. Dans ces moments-là, on en profite un maximum, on s’amuse et on prend énormément de plaisir.

L’alternance avec Damien Grégorini ?
Avant la finale de la Coupe de la Ligue, nous avons été convoqués par le coach. Il a été décidé que je joue quelques matches de championnat en vue de cette échéance au Stade de France. Damien a très bien joué le jeu. Il a travaillé sans jamais rien dire. C’est super de sa part. Il y a énormément de respect entre nous. Il me connaît depuis que je suis tout jeune donc cela a aussi facilité les choses (rire).

Damien Grégorini ?
C’est quelqu’un de très simple et de réservé. Une personne sur qui l’on peut compter. Sur le terrain, il est professionnel. Il travaille beaucoup et il a énormément progressé. Il fait sans doute sa meilleure saison sous le maillot rouge et noir. Damien a quelque fois été critiqué, mais il a su montrer qu’il restait un très bon gardien de Ligue 1. Il a su rebondir !

Jérémie Moreau ?
C’est une personne avec qui je m’entends très bien. Avant qu’il signe au Gym, je le connaissais déjà un peu puisque j’avais joué contre lui lorsqu’il évoluait en tant que deuxième gardien à Toulouse (Jérémie Moreau était la doublure de Christophe Revault au « Téfécé »). Il est adorable, sympa et c’est quelqu’un de simple. C’est un gardien très solide qui a su prouver son talent avec la CFA. Il est très bon sur sa ligne et dans les duels.

Le travail avec Bruno Valencony ?
Cela se passe très bien avec Bruno. C’est sa première année au sein du staff et il apprend aussi. Il fait vraiment du bon boulot avec les trois gardiens. Il sait nous parler et nous conseiller. Il y a de la complicité comme lors de la demi-finale de Coupe de la Ligue à Monaco. Lors de l’échauffement, j’étais un peu tendu sans vraiment m’en rendre compte. Nous avons discuté et rigolé ensemble, le temps de penser à autre chose. Après, cela allait beaucoup mieux et c’est aussi grâce à lui que j’ai fait une bonne prestation ce soir là (rire).

Les rumeurs annonçant le retour de Lionel Letizi ?
Personnellement cela ne me fait pas grand-chose. Cela ne change rien et puis apparemment ce ne sont que des rumeurs non fondées. Si cela venait à se concrétiser, je suis prêt (sourire). Je respecte tout le monde, mais je ne crains personne (rire).

“Le football c’est avant tout une passion avant d’être un métier”

L’avenir d’Hugo Lloris ?
J’ai signé un contrat professionnel avec l’OGC Nice jusqu’en 2008. L’année prochaine, je vais devoir gagner ma place. C’est une saison importante pour moi. Je vais jouer à fond le jeu de la concurrence. Si le club m’a fait signer, c’est que les dirigeants et le staff comptent sur moi. Je n’ai aucune garantie quant à une place de titulaire. Je jouerai le coup à fond car lorsque l’on a une chance, il faut savoir la saisir. L’objectif sera également de prendre du plaisir. Le football c’est avant tout une passion avant d’être un métier.

L’OGC Nice ?
C’est le club de ma ville. C’est un vrai plaisir que d’évoluer en rouge et noir surtout lorsque l’on se fait ovationner par le public niçois (sourire). C’est mon club formateur et le club où j’ai fait mes premiers pas en professionnel. Nice est un point essentiel de ma vie. Cela fait plaisir de jouer au plus haut niveau dans sa propre ville.

L’équipe de France ?
J’attends avec impatience la sélection des moins de 21 ans qui sera prochainement dévoilée pour le Festival de Toulon. J’espère être de la partie car dans le même temps les «espoirs » disputeront l’Euro. L’objectif de la saison prochaine, sera justement d’intégrer la sélection espoir. Cela me tient à coeur.

Le maillot bleu ?
C’est une belle récompense que d’être appelé en sélection. C’est le top niveau d’une génération. Je prends un maximum de plaisir surtout lors d’événements comme le dernier championnat d’Europe que nous avons remporté avec les moins de 19 ans. Et puis, entendre l’hymne national est un réel plaisir. Cela me permet de bien entrer dans le match (rire).

Un rêve ?
Pour tout joueur, le rêve est d’évoluer un jour dans une grande équipe européenne. Le plus haut niveau passe aussi par la Ligue des Champions. Je pense au Barça mais aussi à Chelsea, au Bayern de Munich ou au Milan AC. Cela permet de connaître de grandes structures et de concrétiser quelque chose de grand.

Hugo Lloris en dehors du foot ?
J’aime bien un peu tout comme le cinéma ou les jeux vidéo. À l’avenir, j’aimerais bien reprendre mes études après avoir obtenu un bac scientifique, mais cela n’est pas évident à gérer avec les exigences d’une carrière professionnelle. Cela me trotte un peu dans la tête car cela me manque. C’est bien aussi d’avoir un contact relationnel en dehors du football. Personnellement cela me change les idées (rire).

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui veut devenir professionnel ?
Je lui dirais déjà de ne surtout pas lâcher ses études. De travailler à l’école pour décrocher son bac et ensuite de s’arracher aux entraînements. Ne pas se couper de sa famille et de ses potes car tout cet univers est important surtout dans les mauvais moments. Lorsque l’on est dans un centre de formation il ne faut pas penser qu’à sa petite personne. Il faut beaucoup de détermination. Après, le reste vient tout seul. Il ne faut pas oublier que le football peut être un milieu pourri. Il faut surnager tout en étant diplomate (rire).