Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes se sont expliqués face à l'Assemblée Nationale sur le fiasco des Bleus, lors d'une audition (presque) à huis-clos au cours de laquelle les députés n'ont «rien appris». (Photo Reuters)
L'audition de
Jean-Pierre Escalettes, le président démissionnaire de la FFF, et de
Raymond Domenech, le sélectionneur qui dirigeait les Bleus durant la Coupe du monde, est terminée. Les deux hommes ont livré leurs versions sur le fiasco de l'équipe de France en Afrique du Sud. Vers 10 heures, ils sont arrivés par une porte dérobée à l'Assemblée nationale. Leur audition, initialement ouverte au public, a finalement eu lieu à huis clos, sur demande de la FFF. Enfin, presque à huis clos... Photographes et cameramen ont toutefois été autorisés à immortaliser l'audition... pendant une minute. Sous les flashs et les caméras, Raymond Domenech est resté fixé sur son téléphone, sans un regard pour les professionnels de l'image.
Copé: «Ce n'est pas un tribunal»Si l'audition devait se dérouler dans le plus grand secret, Lionel Tardy, membre de la Commission des affaires culturelles qui avait déjà écouté la version de Roselyne Bachelot, la ministre des Sports, a commencé par la relater sur Twitter. Mais le député UMP de Haute-Savoie a
«pris un
». Traduction : on lui a demandé d'éteindre son ordinateur. Selon cette source, Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a indiqué être
«très attaché à ce qu'il n'y ait aucune ingérence dans la vie des Fédérations sportives. Le rôle des politiques en revanche c'est de s'assurer (...) que le maillot bleu soit honoré et pas déshonoré. A partir du moment où il l'a été, je crois que c'est bien que l'on ait un débat (...) Ce n'est pas un tribunal. Le but est de comprendre». Comprendre, par exemple, pourquoi Raymond Domenech n'a pas serré la main de Carlos Alberto Parreira, l'entraîneur de l'Afrique du Sud ?
«On était pas obligé de subir cela à la fin de cette Coupe du monde», s'est désolé François Copé. Réponse de Domenech, selon des propos retranscrits sur Twitter par le député Lionel Tardy:
«C'était pour marquer le coup par rapport à ce que l'entraîneur de l'Afrique du Sud avait pu dire à propos de la main de Thierry Henry.»Escalettes a «été confronté à un mur»Toujours selon les messages postés sur Twitter par Lionel Tardy, Domenech a confié que
«la Une de L'Equipe (révélant les injures proférées par Anelka à son encontre à la mi-temps de France-Mexique)
avait tout déclenché». De son côté, Jean-Pierre Escalettes a affirmé qu'il
«répondrait avec franchise (...) sur le "bus de la honte", "les enfants gâtés et pourris" et la gouvernance.» «
Dans le bus, j'ai été confronté à un mur comme j'en n'avais jamais vu durant mes cinquante ans dans le football», a notamment indiqué le président démissionnaire de la FFF, pour qui
«le modèle associatif pur et dur de la FFF est dépassé en terme de gestion».Muselier «n'a rien appris»Bernard Debré (député UMP Paris) a assisté à une
«audition-spectacle», durant laquelle il
«a été un peu déçu» et «n'a pas compris l'agressivité de certains, de Raymond Domenech, envers la presse». Renaud Muselier, le député UMP des Bouches-du-Rhône, affirme
«n'avoir rien appris». Mais il estime que cette audition était
«nécessaire». Quitte à risquer une «
ingérence politique», condamnée par la Fifa ?
«A partir du moment où l'image de la France est ternie, c'est notre rôle, a insisté Renaud Muselier.
Qu'on gagne ou qu'on perde des matches, cela fait partie de la vie sportive mais à partir du moment où il y a des conséquences en terme d'image internationale et nationale, ça fait partie de notre boulot d'avoir des éclairages. Vous ne pouvez pas exclure les hommes politiques de ce qui se passe dans le monde sportif, quelle que soit la fédération et d'autant plus quand cela prend des proportions internationales.» (Avec AFP)