A l'instar d'un Mondial peu enthousiasmant où l'on n'aura que très peu sauté de notre fauteuil, la finale a été décevante. Mais un constat s'impose : le jeu a tout de même fini par l'emporter. La victoire de l'Espagne au Mondial sud-africain est celle d'un football de techniciens.(REUT)
Cette victoire finale de la
Roja marque une certaine justice dans une ère où peu de nations pratiquent un football plaisant. Elle récompense une génération dorée, qui domine le football mondial depuis 2-3 ans. Le sport en sort gagnant. Aux autres pays de s'en inspirer. Pour revenir dans l'analyse de la rencontre en elle-même, je dirais que c'était le match des occasions manquées. Je me posais la question du réalisme espagnol, allait-il encore se vérifier ? Au vu des actions de but ratées, je me suis dit que, vu l'enjeu, en finale de Coupe du monde, cela risquait de se retourner contre eux. Mais en face, le dernier geste n'était également pas au rendez-vous. Chaque formation a eu l'occasion de plier le match, l'Espagne a eu le dernier mot.
Cette finale s'est jouée sur un coup de dés.
Je crois que l'expulsion d'Heitinga a changé pas mal de choses en fin de match, la fatigue aidant. En supériorité numérique, les Espagnols ont pu dérouler, les Pays Bas se désordonnant. On le voit sur le but, avec Rafael van der Vaart en position de dernier défenseur. C'est dommage pour les
Oranje qui, dans l'ensemble, avaient bien contenu les Espagnols. Ils ne se sont pas concentrés sur des joueurs en particulier, mais au contraire étaient très bien regroupés, laissant le monopole du jeu à l'adversaire, pour procéder par contres. Cela a failli réussir. Cette finale s'est jouée sur un coup de dés.
Le piège tendu par les NéerlandaisParmi les étoiles, une a brillé plus que les autres : Andres Iniesta. C'est mon coup de coeur, un joueur extraordinaire.
Mais elle fut, aussi, très engagée. De Jong et Van Bommel d'un côté, Puyol de l'autre, auraient pu être exclus. Howard Webb n'a pas su contenir le match. Il aurait dû s'interposer bien plus tôt dans la rencontre, certains gestes commis ayant été d'une agressivité incroyable. Il n'a, sans doute, pas voulu sanctionner trop rapidement dans le match, au risque de le tuer. Au contraire, cela s'est retourné contre lui. Il n'a pas eu le courage de sanctionner durement, malgré une multitude de cartons... jaunes distribués. La dureté du jeu néerlandais s'est faite sentir. Ils ont voulu pourrir le match pour faire en sorte que les Espagnols sortent de leurs gonds. Ces derniers ont su se contenir, ne tombant pas dans le piège batave.
Dans l'ensemble, ce n'était pas un match de très haute volée. Encore une fois, certaines individualités ont fait la différence. L'entrée de Fabregas a été déterminante, il a amené de la profondeur dans le jeu grâce à sa qualité de passe, toujours en première intention. Il est passeur sur le but et s'est créé, en l'espace d'un quart d'heure, pléiade d'occasions de but. C'est le futur de la
Roja, dans la mesure où Xavi est trentenaire et passera bientôt la main. Mais parmi les étoiles, une a brillé plus que les autres : Andres Iniesta. Il a été LE joueur de cette finale. A chaque fois qu'il avait le
, le danger émanait. Que ce soit sur une percussion, ou en s'appuyant sur un coéquipier, c'est un poison constant pour l'adversaire. C'est mon coup de coeur, un joueur extraordinaire. Quand Iniesta va moins bien, son équipe le ressent. Il n'est certes pas seul, entouré de formidables manieurs de ballons, mais il a cette touche de génie qui fait la différence. Je suis heureux, lui, l'anti-star par excellence, bien loin du "star system", qui offre la victoire à son pays. Cela change des individualités au comportement parfois limite, à la fois sur le terrain, et en-dehors.
Emmanuel PETIT