Dans un entretien passionnant publié mardi dans L'Equipe, Roger Lemerre, habituellement très économe de ses paroles avec les médias, reconnaît avoir fait «une erreur de scénario» en 2002, lorsqu'il était sélectionneur de l'équipe de France. «Qui étaient les champions du monde en titre ? Nous. Et pourquoi étions-nous là ? Pour défendre ce titre. Vous entendez ? Défendre. Pourquoi croyez-vous que les matches d'ouverture, auxquels participait le tenant du titre, sont souvent fermés ? Les trois premiers matches, il fallait les jouer défensivement, assène l'ancien sélectionneur des Bleus. C'était après, dans la phase par élimination directe, qu'il fallait être conquérant. Je crois qu'en les attaquant on a accentué, décuplé la volonté de résister des Sénégalais», vainqueurs 1-0.
Dans cet entretien qui est une plongée au coeur des qualités qui font les grands joueurs et les grandes équipes de Coupe du monde, Lemerre observe aussi : «Pendant quatre ans, on avait tout gagné. Mais là, on n'a pas su repartir de zéro. Une Coupe du monde, c'est toujours un saut dans l'inconnu, l'expérience réduisant naturellement la part d'inconnues. (...) On aborde la compétition en croyant que la volonté est la même, que l'abstraction de soi est la même, que l'ambition est la même. Puis la nouvelle compétition n'a rien à voir. (...) Chacun doit se remettre en chantier pour pouvoir aborder quelque chose qui, de toute façon, sera nouveau.»
Nommé sélectionneur de la Tunisie en août 2002, Roger Lemerre entrera en compétition mercredi à 18 heures contre l'Arabie Saoudite. Il a prolongé son contrat jusqu'en 2008.