Les réactions

  Du 13/07


Cyclisme - TDF - Dopage - Beltran incrédule

Exclu de la Grande Boucle et suspendu par son équipe Liquigas, Manuel Beltran explique dans les colonnes de Marca qu'il «ne comprend pas ce qui se passe». «Je n'ai rien à cacher», ajoute l'Espagnol, avant d'annoncer : «J'ai demandé une contre-analyse et j'espère bénéficier de la présomption d'innocence». (Avec AFP)

Prudhomme : «Encore du suspense»

Alors que le Tour s'est posé à Pau pour une journée de repos mardi, le directeur de la course Christian Prudhomme revient en exclusivité sur les dix premiers jours de la Grande Boucle. Si la ferveur populaire et l'indécision de la course l'ont marqué, il ne cache pas sa déception par rapport aux performances des Français. «J'attends du suspense et la sérénité », lance-t-il comme souhait pour la suite et la fin de la Grande Boucle.

Une première semaine sans prologue :

«Je ne regrette pas une seule seconde. Il fallait une arrivée d'étape où chacun pouvait se dire : "Je peux gagner". Une petite classique ardennaise. Il ne faut pas être linéaire sur le profil du parcours pour qu'il y ait des surprises. Ce qui m'a plu dans cette première semaine, c'est qu'on a vu des coureurs qui tentaient, qui osaient. On a vu la victoire le troisième jour de Samuel Dumoulin, et le Maillot Jaune de Romain Feillu. C'était la preuve que les choses ont changé dans la tête des coureurs. Ils ont osé alors que tout était fait pour une arrivée au sprint.»

Les performances des Français:

«Il y a la victoire de Samuel Dumoulin, le Maillot Jaune de Romain mais c'est un peu décevant, ne le cachons pas. On a vu dans l'ascension d'Hautacam que le plus constant, c'est Stéphane Goubert. Bravo à lui mais il a 38 ans, c'est le doyen du peloton ! Les Français ont montré beaucoup d'envie, j'espère qu'ils vont concrétiser à nouveau. Au niveau du classement général, on ne peut pas s'en satisfaire.»

Le phénomène Riccardo Ricco:

«C'est un personnage atypique. Il a un démarrage foudroyant. Il a un style qui rappelle Pantani. Il a le sens des formules, il est souvent outrancier. Il dérange : on l'adore ou on ne l'aime pas du tout. J'ai été frappé par le nombre d'encouragement derrière lui à Bagnères-de-Bigorre.»

Le contrôle positif de Beltran:

« Si on veut que le monde du vélo soit parfait, on n'y arrivera jamais. En revanche, le cas a été réglé tout de suite après le contrôle positif. Cela prouve que les mailles du filet sont de plus en plus resserrées. L'agence française travaille en toute indépendance. Il n'y a aucun souci derrière. En vertu du contrat avec les équipes, (Beltran) a été exclu tout de suite.»

Un Tour très ouvert:

« C'est très ouvert et cela me plaît bien. Une seconde avant la première journée de repos (entre les deux premiers) et une demi-douzaine de coureurs qui peuvent encore remporter le Tour. Je crois que le Tour sera encore plein de suspense dans la traversée des Alpes. On ne sent pas un coureur au-dessus du lot. Je pense que la troisième semaine du Tour peut offrir plein de surprises. J'attends une belle bagarre naturellement. J'attends un suspense qui dure le plus longtemps. J'attends de la sérénité et la confirmation qu'il y a un monde en mutation où le sport va reprendre ses droits. »

Propos recueillis par Stéphane GARABED, à Pau

Evans, apprenti rock-star



Une partie de pétanque sous le soleil, un grand barbecue sur la pelouse : l'ambiance était des plus détendues mardi après-midi à l'hôtel de l'équipe Silence-Lotto. Après avoir endossé le Maillot Jaune lundi à Hautacam, Cadel Evans s'est évertué pendant les trente minutes de la conférence de presse (photo L'Equipe) à casser l'image d'un coureur introverti, intéressé seulement par la course. Après une arrivée digne d'une rock-star au son du groupe australien Midnight Oil, le leader de la Grande Boucle a raconté sa première soirée en jaune et expliqué qu'il ne fallait pas compter sur lui pour assommer la course.

« Le meilleur avec le Maillot Jaune, c'était le tour en hélicoptère (pour redescendre d'Hautacam, ndlr), les Pyrénées sont magnifiques, a plaisanté l'Australien. Robbie (McEwen) m'a expliqué que j'ai fait un faux-pas : sur le podium lors de la remise du Maillot, j'ai été à droite serrer les mains mais j'ai oublié d'aller à gauche saluer les officiels. Après, je n'ai pas encore couru avec le Maillot Jaune (...) Je vais devenir le coureur le plus surveillé et contrôlé du peloton.» Le leader de Silence-Lotto, élogieux pour son staff médical, a également donné des nouvelles rassurantes sur sa santé : «Cela s'améliore tous les jours. Hier, j'ai terriblement souffert de l'épaule gauche (...) Mais tout va bien : j'ai seulement quelques contusions et des blessures superficielles.»

«Je ne suis pas Lance Armstrong»:

Malgré un discours en apparence serein, Evans n'a pas abandonné son côté perfectionniste et inquiet : « La tactique, c'est stressant pour moi. J'essaie de prévoir un plan pour tous les cas de figure, même l'imprévisible. La stratégie, cela commence demain. L'équipe va défendre le maillot tant que possible. L'objectif reste le même : être en Jaune à Paris.» Face à la concurrence qu'il cite spontanément, Frank Schleck (2e à 1''), Carlos Sastre (6e à 1'28'') ou Denis Menchov (5e à 0'57''), Cadel Evans ne prévoit pas de grande offensive pour assommer la course : «Je suis vraiment un coureur fait pour viser le classement général. Je ne suis pas comme Lance Armstrong qui était très fort, avec une grosse équipe. Il éliminait ses concurrents avant même qu'ils puissent attaquer (...) Le classement général, c'est tout ce qui compte pour moi.» Pour devenir alors une vraie rock-star sur les Champs-Elysées. - A.T., à Pau

du 17/07
Ricco positif !



Les urines de Riccardo Ricco (Photo L'Equipe) présentent des traces d'EPO. Révélée par L'Equipe ce jeudi, l'information a été confirmée par l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), qui avait ciblé le grimpeur italien depuis les prélèvements sanguins effectués les 3 et 4 juillet. Vainqueur à deux reprises en montagne cette année et neuvième du général après onze étapes, il a utilisé de la CERA (Continuous Erythropietin Receptor Activator), une EPO retard de troisième génération récemment mise sur le marché. Roi de la provocation, Ricco avait été contrôlé cinq fois depuis le départ, ce qui avait provoqué de sa part des commentaires acides. L'échantillon incriminé aurait été prélevé après le contre-la-montre de Cholet.

Après être sorti de son bus sous les huées, Riccardo Ricco a quitté le village-départ dans une voiture accompagné par des forces de l'ordre après que l'AFLD lui a notifié les résultats de l'analyse de l'échantillon A. «C'est le même produit que pour les deux premiers» coureurs contrôlés sur le Tour de France 2008, Manuel Beltran (Liquigas) et Moises Duenas (Barloworld), a expliqué Pierre Bordry, le président de l'AFLD. Ce contrôle positif a été suivi dans la foulée par le retrait de toute l'équipe Saunier Duval, qui comptait dans ses rangs le huitième du général, l'Espagnol Juan Jose Cobo, et le vainqueur à Hautacam, l'Italien Leonardo Piepoli.

«Les organisateurs nous autorisaient à prendre le départ, mais nous n'allions pas faire comme si rien ne s'était passé, a réagi le directeur sportif Josean Matxin Fernandez. Nous arrêtons pour une question d'image : l'image du sponsor, l'image de l'équipe, l'image du Tour de France. Nous allons suspendre l'activité de l'équipe, non seulement du Tour mais de toutes les compétitions, jusqu'à ce que nous sachions ce qui s'est passé.» «Il est fou !», s'est exclamé de son côté l'un de ses directeurs sportifs de l'équipe, Pietro Algeri. Ricco a toujours présenté un taux d' hématocrite élevé, au-dessus de l'ancien plafond des 50 %. Mais il avait obtenu de l'UCI un certificat attestant cet hématocrite après s'être soumis à une batterie d'examens médicaux. Avec Damien RESSIOT, Anthony THOMAS (à Lavelanet), AFP et Reuters

  Dopage - Les réactions


Vincent Lavenu (manageur d'AG2R):

«Chez les directeurs sportifs, nous sommes nombreux à croire en
l'avenir de notre sport. C'est cette peur du gendarme qui fera que les coureurs arrêteront de tricher. Ricco était quelqu'un de très controversé. Les coureurs ne sont pas des naïfs, ils se posent souvent des questions sur certains exploits.» (AFP)

Eric Boyer (manager de Cofidis):

«Ce qui est dommage, c'est que certains coureurs ne sachent pas faire du vélo autrement (qu'en se dopant). On a encore des types qui n'ont pas de conscience, qui pensent être plus forts que les autres, qui sont arrogants. Tout ça me navre. Il ne faut plus qu'ils reviennent, qu'ils soient dans le peloton. Ils n'ont plus le droit de pratiquer le métier de coureur cycliste qu'ils ont sali au plus haut point. » (AFP)

Romain Feillu (Agritubel) :

«J'ai entendu parler qu'un
nouveau truc existait, qui était soi-disant indétectable. C'est donc
une bonne nouvelle. Si les contrôles marchent et qu'on voit que c'est
le seul à l'utiliser, c'est positif. De toute façon, Ricco c'était
quelqu'un d'arrogant, qui n'était pas apprécié dans le peloton.
Maintenant, cela va peut-être rouler moins vite.»

Marc Madiot (directeur sportif de la Française des Jeux)
:

«Dehors ! Toutes les années, il y a un discours, il y a des règles du
jeu. On ne va pas s'appesantir sur un mec qui se fait attraper. Dehors
les tricheurs !»

Mark Cavendish (Team Columbia) :

«Je suis sous le choc. C'est difficile de repenser à la course
désormais, même si aujourd'hui, c'était enfin une étape pour moi et les
sprinteurs.»

Recueilli par Anthony THOMAS, à Lavelanet.







Le bus de la Saunier-Duval arrêté

Suite à l'exclusion de l'Italien Riccardo Ricco, contrôlé positif à l'EPO, le bus de son équipe, la Saunier-Duval, qui s'est immédiatement retirée de l'épreuve, a été «appréhendé par les gendarmes» jeudi en fin d'après-midi. Lors d'une conférence de presse, [b]le procureur de la
République de Foix a précisé que l'autobus a été arrêté hors du
département de l'Ariège, peu après 17h30. M. Leroy a par ailleurs
confirmé qu'une «enquête préliminaire avait commencé en fin de matinée». (avec AFP)



Ricco en garde à vue

Riccardo Ricco
(Saunier-Duval), contrôlé positif à l'EPO et exclu jeudi du Tour de
France, a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Mirepoix, dans
l'Ariège. Interpellé peu avant 13h, l'Italien avait d'abord été conduit
par les gendarmes à son hôtel, où sa chambre avait été fouillée. Il
devrait passer toute la nuit au poste où il va être interrogé.